Pogrom anti-chrétiens

L'Etat de l'Orissa en Inde a connu fin août 2008 les pires violences communautaires de son histoire, dont l'épicentre se situait dans le district du Kandhamal. Les hordes brutales des activistes de l'Hindutva ? une idéologie xénophobe soutenue par plusieurs organisations hindoues extrémistes - ont déferlé et organisé un pogrom anti-chrétiens méthodique. Les autorités et forces de sécurité sont accusées d'avoir laissé faire. Une instrumentalisation politique était clairement à l'œuvre, quelques mois avant les élections législatives nationales. S'en prendre aux musulmans ou aux chrétiens paye politiquement. Ces violences ont saisi l'occasion de l'assassinat du Swami Lakshmanananda Saraswati, un gourou hindou connu pour ses appels réguliers au meurtre des chrétiens. Il dénonçait depuis des années le prosélytisme et les conversions "forcées" de la part des fidèles de Jésus.Il est vrai que le nombre de chrétiens convertis dans le Kandhamal à augmenté fortement en peu de temps. La plupart sont issus des castes ou communautés en bas de l'échelle sociale. Il s'agit là plus que probablement de l'action de ces nouveaux protestants, les évangéliques, notamment les pentecôtistes. Ceux-ci sont considérés comme des « éléments perturbateurs et peu contrôlables » par l'archevêque de Bhubaneshwar. Les fanatiques ne font pas la différence - ou feignent de ne pas la voir - entre catholiques établis de longue date, non-prosélytes, et ces courants plus ou moins freelance des nouveaux protestants. Les œuvres des catholiques, leurs institutions, leurs valeurs, ont toujours été appréciées en Inde. Il se peut bien que bon nombre des idéologues de la haine hindoue y aient appris l'Anglais ou y aient été soignés d'une maladie grave. Mais ce sont les termes "conversions forcées" qui font l'objet d'un débat ; les partisans de l'Hindutva dénoncent la promesse d'avantages matériaux, d'écoles et centres de soins médicaux, derrière les conversions. En effet les missions chrétiennes sont synonymes d'éducation & santé, une forte motivation pour ces populations le plus souvent abandonnées socialement. Echapper au système implacable des castes est une autre forte motivation. Faut-il s'en étonner ? Et le Frère Thomas Chellan, du Kerala, d'ajouter : « Parce que l'Eglise libère les castes opprimées et leur rend une dignité, elle est attaquée (?) Et ceci est très mal perçu par les hautes castes. Ils ne peuvent plus les exploiter aussi facilement ». La droite indienne ne redouterait pas tant les conversions que, finalement, l'idée d'une société équitable. On dénombrait début novembre 3600 maisons et 154 églises et lieux de prières saccagés ou détruits, et 37 morts. Plusieurs milliers de personnes étaient toujours réfugiées en camps d'urgence, ou exilées hors du Kandhamal. Des reconversions forcées à l'hindouisme ont eu lieu, sous les signes de la tyrannie et de la peur. Et le virus du communautarisme intolérant de poursuivre son emprise sur les masses hindoues peu éduquées.

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