El Norte

Trois mille kilomètres de frontière séparent les États-Unis du Mexique. C'est l'une des plus longues au monde, c'est aussi celle qui est la plus traversée, légalement et illégalement. Côté mexicain, depuis le libre-échange nord-américain instauré en 1994, des milliers d'usines, filiales de multinationales issues de pays industrialisés, se sont installées. Près d'un million de salariés travaillent au quotidien dans ces usines dont les conditions sont celles d'une fin de dix-neuvième siècle : travail des enfants, harcèlement sexuel, droit de cuissage, cadences et horaires insoutenables. Côté américain, pour enrayer l'immigration clandestine, l'administration Clinton a renforcé dès 1993 les patrouilles et la surveillance vidéo, et dressé un mur dans toutes les zones urbaines frontalières avec des planches métalliques utilisées auparavant pour la construction des pistes d'atterrissage durant la guerre du Golfe. Il n'empêche, le rêve américain inspire et attire des milliers de migrants le long de cette ligne de partage.

El Norte témoigne d'un cauchemar : des bidonvilles où s'entassent des tribus indiennes, des prostituées soulageant le gringo en goguette, des arrestations nocturnes de migrants, une cellule de rétention, des corps blessés par les machines ou battus par les douaniers, des espaces infimes percés dans les murs d'où l'on perçoit l'étendue aride de la Californie.

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