Fête des morts Patrick Bard
En Octobre 2016, au moment d’embarquer pour Mexico, j’ai appris le suicide de mon meilleur ami. Je n’ai guère de souvenirs des jours suivants. J’errais dans la ville, au hasard. La Fête des morts, la plus importante et la plus joyeuse des célébrations mexicaines, approchait. Des autels dédiés aux défunts étaient inaugurés. Peu à peu, les Mexicains commençaient à sortir dans les rues, grimés en cadavres. J’avais sur moi un petit boîtier, même si je n’avais pas prévu de réaliser des images. J’ai commencé à photographier la mort en fête, systématiquement.
De retour en France, j’ai compris que je venais en réalité d’initier un travail photographique, et qu’il me faudrait revenir. Ce que j’ai fait, trois ans durant. J’ai ainsi compris que la perception mexicaine de la mort m’avait aidé à faire le deuil de mon ami. En effet, si la mort a un passeport, c’est forcément un passeport mexicain, à en croire Octavio Paz qui écrit : « Les Mexicains jouent avec la mort, couchent avec, elle est leur plus grand amour et leur plus grande passion »
Patrick Bard